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Le Silbo

LE SILBO, vous connaissez ?

Je suis sûre que vous avez déjà entendu cette chanson de Féloche. (Et vous pouvez aussi lire mon article au sujet de la Gomera). Dans cette chanson, intitulée Silbo (pour « sifflement » en espagnol), Féloche évoque un « endroit où les hommes parlent comme des oiseaux. »

Cet endroit, c’est l’ile de la Gomera, une des 7 iles de l’archipel des Canaries, à l’ouest du Maroc. Il faut imaginer cette île volcanique et ses nombreux vallées, ravins et précipices. Difficile à une époque où les téléphones portables n’existaient pas de communiquer. Alors, les premiers habitants des îles Canaries ont transformé le berbère en sifflement.

Ce n’est qu’au XVIe siècle, après le passage des Conquistadors que l’espagnol remplace le berbère dans le sifflement. Il s’agit réellement d’une langue dont le sens se crée avec des sifflements de différentes tonalités et de différentes longueurs. Et malgré un vocabulaire restreint, des conversations entières peuvent être sifflées. La portée de ces sifflements est impressionnante : jusqu’à 10 km.

Ce Silbo fut très utile pour les habitants des îles Canaries pendant la Guerre Civile espagnole de 1936 à 1939. Républicains comme Nationalistes engagèrent des siffleurs pour transmettre rapidement des messages à leur camp respectif. Le silbo servit aussi à la résistance contre l’oppression franquiste, faisant passer des messages au nez et à la barbe des gardes civils, qui venaient de la métropole et ne le comprenaient pas.

Le Silbo Gomero est transmis de génération en génération et est aujourd’hui un symbole de la culture canarienne, avec environ 20 000 locuteur. Il est enseigné dans les écoles depuis 1999 et a été inscrit  au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco en 2009.

Mais revenons à Feloche. Pourquoi en 2013 le chanteur qui a grandit à Clichy décide-t’il d’écrire sur ce Silbo ? Tout simplement pour rendre hommage à Bonifacio Santos, indépendantiste gomero et réfugié politique en France, qui a partagé la vie de sa mère lorsque le petit Féloche avait une dizaine d’années. Bonafacio le gomero raconte au petit garçon son île, sa lutte, sa langue, et siffle du bas de son immeuble à Clichy sa compagne « Catarina » pour la prévenir qu’il rentre à la maison. C’est justement ce prénom que l’on entend en gimmick sifflé dans la chanson de Féloche.

Il existe au monde environ 60 langages sifflés différents, notamment dans les Pyrénées, au Mexique, en Thaïlande ou en Turquie.

Voilà maintenant El Silbo Gomero vous connaissez.

 

Pour ré-écoutez cette chronique, c’est iciVous connaissez ? est diffusée tous les vendredis à 8h30, 12h30 et 16h30 sur Radio Balises, en streaming et sur le 99.8 FM sur le pays de Lorient.

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