Escapades bretonnes, Voyages

Une escapade hivernale en Finistère

On peut aller à l’autre bout de la planète, la fin de la terre n’est pas mal non plus… Finistère, Finis Terrae, notre bout du monde à nous.


Alors régulièrement, on retourne sur nos terres, car tout Morbihannais que nous sommes devenus, Finistériens nous demeurons. J’ai grandi en centre Bretagne, aux pieds des Monts d’Arrée, au coeur du pays Dardoup, à Châteauneuf du Faou, tandis que mon mari est un petit glazik de Plonévez-Porzay. Et c’est ainsi que nous nous sommes rencontrés au lycée, à Chateaulin, en plein pays Rouzig. Pour la petite histoire, la Bretagne traditionnelle est divisée en neuf pays, et chacun de ces pays compte ensuite un nombre certain de subdivisions. Les pays Dardoup, Glazik et Rouzig sont donc des petits pays de la grande Cornouaille (sans s à la fin et à ne pas confondre avec la Cornouailles anglaise !). Les noms de pays font souvent référence aux tenues vestimentaires. Certitudes pour Glazik et Rouzig, il s’agit des couleurs (en breton, glaz = bleu, vert et rouz = brun, roux) des vêtements des hommes, pour Dardoup, c’est plus obscur : ce pourrait être le filet dans lequel les femmes emprisonnaient leurs cheveux.

Une digression plus tard, voici donc quelques images d’un week-end sublime dans le Cap Sizun, encore un pays de la Cornouaille, tout au bout de la terre. Ça commence à Audierne, où on embarque pour l’Île de Sein. Vaut mieux avoir un peu le pied marin si le temps est « gros » pour supporter cette heure de traversée… L’Île de Sein est un magnifique caillou tout plat, d’une superficie de 0,58 km2, autant dire qu’on en fait vite le tour.

Le ciel breton est vraiment changeant, et capable du pire comme du meilleur, alors on s’aventure sans avoir vraiment peur de ce nuage bien noir. Bon on va prendre la saucée mais on est équipés. On est le 1er novembre tout de même, ça aide à être prévoyant… C’est toujours très reposant une île sans voitures, je réalise que l’absence de véhicules participe à chaque fois à ma détente. Partout sur l’île des petits murets de pierres sèches. Ces petits murets témoignent de la taille microscopique des parcelles agricoles, et si on y ajoute la rudesse du climat, et la nature du sol, on se dit que les récoltes devaient être bien maigres. Pas de quoi faire rêver le maraîcher bio avec qui je partage ma vie…

 

Tout au bout de l’île se dresse le grand phare d’Île de Sein, construit entre 1950 et 1951, et remplaçant celui détruit pendant la Seconde Guerre mondiale.

On est bien mouillés et un peu en avance par rapport à l’heure de réservation du resto, alors on va s’en jeter un petit sur les quais. Un vrai condensé de Bretagne, il y a des endroits où on a l’impression que le temps s’est arrêté.

Il est rare qu’une photo concentre autant de clichés bretons dans une même image. C’est bien affamés – et grisés de vent, de pluie et de vin blanc – qu’on pousse la porte de l’hôtel-restaurant Ar Men pour déjeuner. La Bretagne comme décor et dans l’assiette. Mention découverte pour le gâteau de crêpes nappé de caramel au beurre salé, fourré de crème pâtissière, le genre de dessert qui devrait être interdit.

 

Le restant de l’après-midi, on est un peu lourds… On continue notre exploration de l’île, on déambule dans les petites ruelles, les minuscules maisons invitent à la flânerie, à imaginer une vie d’avant, et même de maintenant, sur ce caillou microscopique, loin de tout. On apprécie la visite de l’Abri du Marin devenu musée.

On se dit qu’on n’a pas tous la même vie, et que celle à Sein devait être bien rude. On attend tranquillement le bateau du retour vers Audierne, et évidemment on pique une petite sieste…

Jour 2. On se réveille face à la mer, avec une vue superbe et un soleil incroyable pour novembre. Il ne pleut pas tous les jours en Bretagne. Petit déjeuner enchanteur avec vue…

C’est parti pour une deuxième journée de balade sous le soleil donc. Avant de rejoindre la Pointe du Raz, sur les conseils de nos hôtes, on découvre une plage superbe, l’anse du Cabestan à Primelin.

On continue vers l’est, on traverse Plogoff qui s’étire jusqu’à la Pointe du Raz. La lumière est merveilleuse, le dépaysement est total et la magie opère.

Ça permet d’avoir autre vue sur l’Île de Sein, si si, c’est la minuscule croûte de terre à la surface de l’eau. Le risque de submersion est réel : combien de temps vivra encore Sein ? La zone navigable entre la Pointe du Raz et Sein s’appelle le raz de Sein, recommandée pour les marins expérimentés tellement les courants sont forts, et fréquentée par les pêcheurs de bar à la ligne.

Entre la Pointe du Raz et la Pointe du Van se niche la Baie des Trépassés au nom évocateur. Plus loin la Pointe du Van et on y déjeune de soupe de poisson.

Sur le chemin du retour vers Plogoff – et oui quand on est au bout du monde, on est obligés de rebrousser chemin – on s’arrête dans un très joli café-librairie-pâtisserie, Monsieur Papier. C’est le lieu parfait pour une pause gourmande mais nos estomacs ne peuvent plus rien encaisser, on se nourrit donc intellectuellement de livres. On a envie de tout acheter, y compris de la vaisselle, de la déco, mais on s’abstient. La papeterie est superbe, créée ici. Et les gâteaux sont beaux à tomber.

On veut aller faire un petit tour à Pont-Croix, la capitale du Cap Sizun, le temps passe vite et on s’est mis pas mal d’objectifs pour une seule journée… À Pont-Croix, on a l’impression d’être dans une petite ville intemporelle, construite de vieilles pierres, c’est assez magique en hiver.

Fin de journée, on décide de jeter un oeil à Plozévet, parce qu’on est passionnés tous les deux par l’étude sociologique qu’y a menée Edgar Morin au milieu des années 60. On n’a pas vraiment le temps d’explorer la commune sur les traces du grand Edgar. La dernière image de ces deux jours sera donc un sublime coucher de soleil à Plozévet.

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